Les Français ont du mal à y croire. Et pourtant ! A l’intérieur de leurs frontières, des gens en tiennent d’autres en esclavage en profitant de leur misère, de leur fragilité. L’esclavage sexuel, domestique : des associations existent, des avocats se battent pour épauler les victimes et battre en brèche l’impunité des gens parfois très protégés.
Quand elle arrive à Paris, au mois d’août 2012, elle est contente d’avoir quitté pour quelques jours ABU DHABI et espère, à l’occasion des vacances de ses patrons, pouvoir sortir et surtout (c’est un vieux rêve) aller déjeuner à MAC DO. Mais sa vie est la même : enfermée avenue Victor Hugo pour tenir l’appartement : ménage, lavage, repassage… En fait, rien de bien terrible mais c’est sans fin : pas d’horaires, pas une minute de répit, personne à qui parler et se cacher pour prendre des nouvelles des enfants avec, la faim au ventre parce que ce n’est plus possible d’avaler ce riz blanc assorti de sardines même si le cuisinier, quand il peut donne quelques restes. Il faut être à disposition jour et nuit comme là-bas. La semaine dernière, à l’occasion d’une sortie à Disney pour les enfants, elle a entendu le chauffeur dire à la grand-mère: « regardez ce sont les tours de Notre-Dame ». Il faut qu’elle parte et aille prier à Notre-Dame. Un matin à 6 heures, elle dévale les 4 étages de l’immeuble, profitant d’un retour dans la nuit d’un des propriétaires qui a oublié de mettre les alarmes. Elle a sur elle 50 € et tous ses vêtements, alors qu’il fait si chaud! Le taxi la dépose devant Notre-Dame, mais c’est trop tôt. A 8 heures, dès que les portes s’ouvrent elle entre dans la cathédrale. Maria est une philippine de 43 ans. Elle n’a pas vu ses sept enfants depuis plusieurs années. Elle était journaliste à une radio mais a perdu son emploi et son mari, plombier aussi. Elle a dû quitter les Philippines pour aller travailler dans les pays du Golfe. Naturellement, la paie n’est pas celle promise et elle ne verra plus jamais son passeport. Les journées sont toutes les mêmes : s’occuper des enfants le jour, assurer les réceptions la nuit. Les bonnes ne dorment pas ou seulement quelques heures quand monsieur et madame vont enfin se coucher et dès 7 heures se lèvent pour conduire (avec un chauffeur)les enfants à l’école. Maria est l’une des victimes d’Esclavage moderne : obligée de quitter les siens pour assurer leur survie, c’est à son tour dans la cathédrale d’être aidée par quelqu’un. Depuis, Maria a été prise en charge par SOS ESCLAVES et occupe aujourd’hui un emploi à plein temps en province. SOS ESCLAVES est une association composée exclusivement de bénévoles qui aide les victimes d’esclavage à retrouver leur dignité par le travail déclaré et le séjour autorisé avec un accompagnement chaleureux.