Les Français ont du mal à y croire. Et pourtant ! A l’intérieur de leurs frontières, des gens en tiennent d’autres en esclavage en profitant de leur misère, de leur fragilité. L’esclavage sexuel, domestique : des associations existent, des avocats se battent pour épauler les victimes et battre en brèche l’impunité des gens parfois très protégés.
Elle est née à Madanapalli en Inde, elle parle le Telugu et le Tamoul, elle est veuve et a 2 fils (16 et 20 ans). Elle vit avec sa mère, elle a 34 ans quand elle arrive en France, munie d’un titre de séjour spécial en tant qu’employée de service auprès de hauts diplomates. Elle est partie de son pays de son plein gré car elle avait des dettes et son seul moyen de survivre était de se faire embaucher « comme petite bonne à tout faire » par une agence de son pays.
« Mon rôle consistait à m’occuper de 3 enfants, mais dès que je suis arrivée, et sans savoir pourquoi la femme de ce diplomate me frappait tous les jours régulièrement et me griffait également ( à ce jour, Révathi a encore des cicatrices au visage), elle estimait que mon travail n’était pas bon et que je mettais du temps à lui obéir. Dix jours après mon arrivée, elle m’a coupé les cheveux (ils étaient superbes et très longs !) et j’ai dit que je ne voulais pas mais elle n’en a pas tenu compte. J’avais tellement de travail que je n’avais même pas le temps de manger et ils me laissaient manger que les restes de leur repas. » Comme toutes les autres victimes, Révathi travaillait jusqu’à 18h par jour, maltraitée, pas payée et passeport confisqué! Un jour, elle s’est enfuie, elle est allée à la police et a déposé plainte contre ses employeurs mais ceux-ci ne seront jamais inquiétés car ils bénéficient de l’immunité diplomatique. Il y a 3 ans, Révathi a décidé de rentrer dans son pays ; sa mère était décédée, un de ses fils s’était noyé, et le 2ème fils a disparu du jour au lendemain peu de temps après son arrivée. Désormais, elle est seule, elle a dû rembourser ses dettes avec l’argent donné par l’OFII et n’a eu aucun soutien de la part des membres de sa famille ; ceux-ci faisant partie d’une caste supérieure à la sienne! Les 30 premiers mois qui ont suivi son retour au pays ont été une vraie galère! Gardant régulièrement le contact téléphonique avec elle, nous avons évalué ses besoins et lui avons entièrement financé le projet qui lui tenait particulièrement à cœur : celui de monter un petit commerce. Elle vend des galettes, des chocolats et des cigarettes, ce tout petit magasin fait office de « maison », elle y dort (à même le sol), y mange etc. Un calme relatif semblait s’instaurer quand le corps se mit à exprimer sa souffrance, une très lourde opération s’imposait (question de vie ou de mort ). En Inde, il n’y a pas de couverture sociale, SOS ESCLAVES a assumé totalement la dépense. Aujourd’hui et depuis peu de temps – grâce aux dons d’un administrateur- Révathi loue une petite maison dans laquelle elle dort dans un « vrai lit » et regarde « sa télévision ». Elle part chaque matin travailler dans son magasin qui,n’est désormais qu’un lieu de travail. Elle a retrouvé sa joie de vivre. Nos contacts téléphoniques réguliers lui permettent de tenir bon dans une société totalement indifférente à toute détresse humaine!