Les Français ont du mal à y croire. Et pourtant ! A l’intérieur de leurs frontières, des gens en tiennent d’autres en esclavage en profitant de leur misère, de leur fragilité. L’esclavage sexuel, domestique : des associations existent, des avocats se battent pour épauler les victimes et battre en brèche l’impunité des gens parfois très protégés.
Fatima est marocaine, elle a 15 ans quand elle arrive en France. « Une amie de ma mère : Malika a proposé de m’emmener en France pour faire des études ; ma mère a dû payer 2000€ pour que cette femme me fasse un passeport (faux passeport, fausse signature, elle a changé mon âge etc…) En France, j’ai atterri dans un centre pour une remise à niveau, je ne parlais pas le français, au bout de 3 jours, Malika a décidé de stopper ma formation et m’a dit de m’occuper des enfants (il y en avait 5 ; le dernier n’avait pas 6 mois . J’avais toute la maison à gérer, je n’avais pas le droit de sortir, j’étais enfermée de l’intérieur. Khansaa (13 ans), a sauté du 5ème chez des voisins pour sorti. Malika se levait à 16h et se couchait à 4h. Moi, je me levais à 6h mais souvent elle me réveillait plus tôt pour lui faire couler un bain et aussi je devais attendre minuit pour laver le linge dans la baignoire. En fait, je dormais très peu. Après la toilette des enfants vers 11h du matin, je pouvais boire un vieux thé et un morceau de pain puis je faisais le ménage à fond sans utiliser l’aspirateur – car il ne fallait pas faire de bruit – je balayais la moquette, je ne me servais pas non plus de la machine à laver. Je devais laver les toilettes à même les mains, je lavais les couettes tous les 15 jours avec mes pieds, je lavais les murs à l’eau de javel 2 fois par jour! Je devais laver les vitres tous les 3 jours. Vers 15h, je mangeais des pâtes et le soir des œufs ou l’inverse mais toujours pareil… Pour Malika, je devais lui préparer de vrais repas, je n’avais pas droit à l’erreur sinon elle me frappait sans raison. Je n’avais pas le droit de lui parler, juste celui de lui répondre. Elle devait toujours avoir raison sinon elle me frappait à coups de gifles ou dans le ventre pour ne pas avoir de traces … Elle m’a dit que d’autres filles s’étaient enfuies avec des traces et elle ne voulait pas que je puisse faire de même. Quand ma famille m’appelait au téléphone, c’est elle qui répondait. Je n’ai jamais pu parler à ma mère, mon père envoyait de l’argent tous les mois. Elle maltraitait les enfants qui étaient sous son toit mais qui n’étaient pas à elle, seul son fils était préservé! Une fois, elle a jeté Zanouba (2 ans) en l’air. Elle avait le visage tout gonflé, du sang sortait par le nez, la bouche et les oreilles. Le soir, j’ai été chercher Malika car Zanouba ne se sentait pas bien. Je me suis fait corriger. Elle a fait en sorte qu’en cas d’incident grave je serais la responsable. Khansaa a eu une cicatrice à la main avec un objet jeté sur elle … Une autre fois, elle a brûlé Zanuba (avant qu’elle ait 2ans) à la main, à la bouche, au sexe car elle avait refusé de lui faire un bisous !!! Alors elle a fait chauffer une broche et elle l’a frappée et brûlée et moi, j’étais présente et je n’ai rien pu faire car elle m’a obligée à tenir la petite qui hurlait (Fatima pleure en évoquant ces faits). Je précise que j’ai été frappée pour avoir voulu qu’on la soigne à l’hôpital ou à la pharmacie ; j’ai dû la soigner moi-même ;aujourd’hui encore, elle garde des cicatrices ». En fait, Malika fait du trafic d’enfants entre la France et le Maroc. « Elle s’enfermait souvent dans sa chambre et passait de nombreux coups de fils, on avait l’interdiction formelle de s’approcher de sa porte, je sais que Malika touchait les allocations familiales. » Mes parents ont versé beaucoup d’argent mais un jour, j’ai rencontré une dame qui m’a aidée et dirigée vers une association. Alors oui, je porte plainte car Malika peut encore nuire à d’autres enfants et puis j’ai subi trop de violences et j’ajoute que ma famille est menacée au Maroc mais je souhaite que l’enquête se poursuive ce sera long mais je fais confiance à l’avocate de SOS ESCLAVES. » Aujourd’hui, Fatima est mariée, elle a 2 enfants et essaye de vivre.